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« NI DIEU NI MAÎTRE » MAIS DU THÉÂTRE ENGAGÉ, OUI! - Article CHOQ.ca

Le 22 mai à 19h15, la salle est déjà pleine : le Festival International de Théâtre Anarchiste de Montréal (FITAM) revient pour la treizième année consécutive à la Sala Rossa. Ce festival de théâtre anarchiste, « le seul, et donc le meilleur et le plus grand » pour reprendre les mots du maître de cérémonie et écrivain Norman Nawrocki, s’inscrit dans les nombreux événements du Festival de l’anarchie du mois de mai, autodéclaré à Montréal.

C’est le collectif de marionnettistes Trashlaga Puppet Crew qui brise le silence avec un spectacle dénonçant l’embourgeoisement subi dans le quartier Hochelaga depuis plusieurs années déjà – spectacle répondant entièrement au principe Do it yourself, avec décor fabriqué à la main, lampes de poche pour les effets d’éclairage, et un beau faux vomi (vrai, peut-être ?) craché sur la table. Étonnant, frappant et drôle.

Puis vient No Way ! No Way !, pièce en deux parties écrite et mise en scène par Norman Nawrocki, dressant le portrait de trois femmes anarchistes et engagées dans la lutte antifasciste au début du 20e siècle, incarnées par le collectif éphémère montréalais Trees That Talk. Une bonne combinaison de féminisme et d’antifascisme. Le chanteur et accordéoniste Gwenael Kivijer monte ensuite sur scène pour une session de chansons engagées, et convie la salle à se joindre à lui.

Après l’entracte, le Théâtre du Sable propose une poignante représentation, avec le comédien Philippe Giai-Miniet dans le rôle de Camille, une bergère emprisonnée en France, en lutte active contre le système répressif pénitencier. Cette incroyable prestation solo s’avère d’autant plus saisissante qu’elle est basée sur une histoire vraie.

Cette première soirée du FITAM, en plus de proposer des spectacles de qualité, invite à réfléchir au rôle du spectacle vivant et des diverses formes que peut prendre la théâtralité, et rappelle que le théâtre est un parfait tremplin pour l’échange d’informations et la sensibilisation à l’engagement politique et artistique.

Utiliser les planches pour parler d’anarchie

Depuis treize ans, le FITAM donne voix à des artistes anarchistes locaux et internationaux. Norman Nawrocki souligne qu’il s’agit d’un événement entièrement autonome, « sans aucune subvention du gouvernement » pour le trait satirique. Et chaque année, grâce au bouche-à-oreille, à des tracts et des affiches bien placées, le FITAM attire entre 120 et 250 personnes. Depuis 2006, une centaine de troupes se sont produites sur les planches enragées du festival, venues d’Allemagne, de Belgique, de France, des États-Unis, du Chili, des Philippines, et bon, quand même, du Canada et de Montréal. Cela sans compter les différentes troupes rencontrant des complications avec les visas – situation qui n’est pas dénuée d’ironie pour un festival sous la bannière de « Ni Dieu, ni Maître, ni État, ni Frontière » et qui, selon l’une des organisatrices du festival, confirme la légitimité des valeurs anarchistes.

Article paru sur CHOQ.ca le 23 mai 2018